RÉSEAU ANTI-ARNAQUES

À LIRE

QUE CHOISIR ARGENT, dans son n° 128 (octobre 2012), consacre un dossier à la vente multi-niveaux : mode d'emploi, gains espérés, ventes pyramidales, conseils avant de se lancer dans une telle activité.

ASPIRER À GAGNER PLUS AVEC KIRBY

KIRBY recrute des commerciaux pour vendre à domicile des aspirateurs "révolutionnaires".

Les faits ci-dessous sont notamment pratiqués en Normandie.

Les offres d'emploi diffusées permettent de remplir aisément les sessions de formation maison et d'inciter les futurs embauchés à s'entrainer en commercialisant ces appareils auprès de leurs proches et amis.

Le défi n'est pas évident à relever car chaque aspirateur est vendu dans une fourchette de prix comprise entre 2 495 € (modèle de base) et 2 845 € (modèle BCR, c'est-à-dire Base + Cireuse + rénovateur).

C'est pourquoi, l'entretien commercial est totalement scénarisé pour mettre en valeur l'aspirateur KIRBY et rassurer son futur acheteur.

Différents arguments sont utilisés :

Ä la possibilité de proposer un crédit SOFEMO ou FRANFINANCE pour étaler le coût sur 6 ans soit, par exemple, 72 mensualités de 41,76 €. Du reste, un financement est souscrit par le client dans 97 % des cas ;

Ä l'estimation - invérifiable - du coût d'un aspirateur classique pour un ménage (150 €/an) et du chiffrage moyen des produits d'entretien utilisés chaque mois dans une habitation (de 50 € à 70 €) ;

Ä la garantie à vie (mais, à condition qu'un contrat d'entretien d'une durée de trois ans renouvelable soit signé, d'où un coût de 60 € environ pour chaque visite annuelle) ;

Ä un scénario de vente permettant de contacter par téléphone et, devant le client, un prétendu responsable pour obtenir un geste commercial (par exemple, la reprise de l'ancien aspirateur) ;

Ä l'évocation de l'inventeur américain M. KIRBY qui aurait créé, entre autres, l'ouvre-boîte papillon ;

Ä la référence aux séries américaines : un aspirateur KIRBY est utilisé dans le film "Mme DOUBTFIRE" et dans le feuilleton "Desperate Housewives".

Sur le plan financier, chaque commercial perçoit une commission de 450 € par appareil vendu et KIRBY établit un prévisionnel optimiste : deux rendez-vous de 2 heures par jour, soit quarante chaque mois, avec un taux de réussite de 25 % (une vente tous les quatre rendez-vous). Par ailleurs, un forfait de 490 € est attribué toutes les 40 démonstrations à domicile.

Vendre un aspirateur à ce prix dans un contexte économique difficile n'est pas évident : les nouveaux commerciaux vont rapidement épuiser leur potentiel d'amis et de membres de la famille.

KIRBY est une enseigne commerciale exploitée par la société KS DIFFUSION à Grandchamp des Fontaines. De multiples entités en France assurent la distribution de ses produits sous la marque KIRBY.

KRISS LAURE S'EMBALLE

Il aura fallu un simple appel à témoignages - diffusé le 26 novembre 2011 - "Vous avez participé en qualité de client ou en qualité de distributeur à ce réseau de vente par multi-niveaux. Satisfait ou mécontent, votre témoignage intéresse le Réseau anti-arnaques" pour que, dès le 2 décembre 2011, la société KRISS LAURE réagisse.

Rappelons que KRISS LAURE (à Saint-Nazaire) est spécialisée dans la fabrication et dans la commercialisation de produits diététiques.

Un long courrier de trois pages liste pêle-mêle différents éléments visant à rassurer le consommateur : appartenance à la Fédération de la Vente Directe, citation du commissaire aux comptes, respect des obligations sociales et fiscales...

Mais KRISS LAURE ne peut résister à la tentation de proférer des menaces, par l'intermédiaire d'un cabinet d'avocats, à l'encontre du Réseau anti-arnaques :

"Sur un plan plus général la société KRISS LAURE entend attirer solennellement votre attention sur les conséquences que pourraient avoir une éventuelle diffusion ou exploitation de témoignages défavorables de gens souvent mal intentionnés, voire suscités par la concurrence, dont vous pourriez être destinataires."

"La société KRISS LAURE n'hésitera pas à engager si nécessaire une action en diffamation comme elle eut à le faire il y a quelques années avec succès à l'encontre d'une autre association et de ses supports presse."

De toute évidence, la communication de KRISS LAURE est bien perfectible, voire risible.

Et chacun pourra s'interroger, à juste titre, sur les raisons d'un tel acharnement à vouloir empêcher toute publication de témoignages défavorables...

LIFEWAVE FAIT SA PROPAGANDE

La publication d'un appel à témoignages par le Réseau anti-arnaques n'a pas plu à Lifewave qui, en mars dernier, a diffusé les consignes suivantes (rédigées par Philippe CHENUAUD, Président directeur senior de Lifewave) :

"La revue Que Choisir lance une enquête sur les patchs Lifewave et fait un appel aux témoignages. C'est une occasion de défendre l'image de la société et de montrer le sérieux de l'entreprise et la qualité des produits.

En effet, certaines sociétés concurrentes en compléments alimentaires essayent de casser l'image de Lifewave en racontant n'importe quoi.

À nous de la défendre !

Envoyez par courrier ou mail votre témoignage de consommateur et/ou de distributeur à l'adresse indiquée (organisme anti-arnaque) et aussi à la revue Que Choisir. Gardez en une copie. Expliquez que ce n'est pas une arnaque.

Ne diffuser ce message qu'aux distributeurs de votre équipe que vous savez satisfaits à tous points de vue."

La dernière formulation constitue bien un aveu : tout ne va pas si bien dans le monde merveilleux de Lifewave...


Le témoignage d'un ex distributeur de produits LEFEWAVE (reçu le 25/11/2011)

"Étant à la recherche d'un travail pour arrondir mes fins de mois difficiles de retraitée, j'ai répondu à une annonce sur internet. J'ai été contactée par une personne qui, bien sûr, m'a fait l'éloge de LIFEWAVE. Après de nombreux appels téléphoniques, je me suis laissée tenter par l'offre car d'après cette personne, les patchs se vendaient comme des petits pains, car la pub qui les accompagnait était vraiment accrocheuse. La photo de David BECKAM avec des patchs et toutes les gloires du sport qui accomplissaient des miracles grâce à eux. Hélas, 3 fois hélas pour moi, le miracle n'a pas eu lieu, le seul miracle qui s'est accompli, c'est la somme que j'ai payé pour ces fameux patchs, c'est-à-dire presque 400 €. Je n'en ai pas vendu un seul et le miracle n'a pas eu lieu pour moi. Une fois en possession des patchs, j'ai eu droit à des conférences pour la formation, de ce côté-là, j'ai été servie, et cerise sur le gâteau, nous avions droit à un espace internet et nous pouvions aussi imprimer les affichettes pour faire notre publicité, mais là, autre surprise : c'était PAYANT aussi. Résultat, je me suis retrouvée allégée de 400 € et les clients trouvant le prix trop élevé préféraient aller chez le médecin. Morale de l'histoire : avant c'est magique, mais après on a les poches vides."